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Il y a 50 ans : Gagarine, ou quand la science servait la raison d’Etat

« Les Russes ont lancé un nouveau spoutnik ! »

L’émotion est intense au centre d’écoute américain d’Alaska, ce matin du 12 avril 1961. C’est le 15ème tir spatial de l’URSS depuis le début de l’ère cosmique. Comme chacun des précédents, il n’a pas été annoncé. Et l’on ne sait toujours rien sur ces mystérieux lanceurs qui narguent le monde. D’où l’importance d’en capter les émissions radio.

Très vite, la fébrilité des opérateurs cède place à leur effarement : le « spoutnik » transporte un passager qu’en entend dialoguer en russe avec un mystérieux correspondant au sol ! L’humanité commence son premier voyage dans l’espace. Et Gagarine sera bientôt l’homme le plus connu de la planète.

12 avril 1961 à l’aube, Gagarine en route pour son vol historique. Derrière lui, caché sous son chapeau mou, un homme discret dont le monde ignore le visage et le nom : Korolev. - Image d'archives Roskosmos

 

Or le plus incompréhensible dans ce prodige, est que l’Union soviétique en soit l’auteur. Un pays qui sort à peine de la 2ème guerre mondiale avec 20 millions de morts et la moitié de son industrie détruite. Dont on conteste le système économique. Et qui vient de lancer le premier satellite, le premier animal dans l’espace, les premières sondes interplanétaires, et maintenant Gagarine ! Par quel miracle ?

L’explication est à chercher 16 ans plus tôt. Au lendemain de la défaite allemande, le général soviétique Oustinov visite l’Allemagne occupée. Pour l’occident, un inconnu. Il jouera pourtant un rôle clé dans l’histoire de la guerre froide : c’est lui qui, ministre de l’armement sous différents vocables dans les 4 décennies qui suivront, forgera le plus colossal arsenal que l’humanité ait jamais connu, celui de l’armée Rouge – et son prolongement le plus inattendu: le programme cosmique.

Mais pour l’instant, l’espace est loin des préoccupations d’Oustinov. Les accords interalliés ayant confié à l’URSS l’occupation de l’Allemagne de l’est, Staline l’a envoyé y répertorier tout le savoir-faire d’armement nazi qu’elle pourra y dérober. En commençant par le fameux missile balistique V2 de von Braun dont on vient de découvrir l’existence.

Von Braun et son état-major ont certes fui vers les troupes américaines : pour l’occident, l’affaire est donc classée. Erreur. Usines, matériels et centres d’essai sont eux restés, là à l’est, au plus loin des frappes de la RAF. Oustinov en comprend vite l’énorme potentiel pour l’URSS. Les ingénieurs allemands sont partis ? Alors remplaçons-les: par des experts soviétiques qui reconstruiront tout par « ingénierie inversée ». Et mille d’entre eux arrivent bientôt, dont un certain Korolev, grand espoir de l’industrie soviétique des missiles d’avant guerre.

Or ce Korolev a, comme beaucoup de ses collègues, un rêve secret. Il appartient à une génération de Russes enthousiasmés vingt ans plus tôt par les projets spatiaux d’un théoricien alors porté par les espoirs de monde nouveau issus de la Révolution d’octobre: Tsiolkovski.

Treize ans passent. Contraints de s’approprier le V2 sans ses concepteurs, les Soviétiques en sont devenus les maîtres. Mieux : ils en ont dérivé toute une industrie nationale de missiles balistiques qu’appuie Khrouchtchev, le successeur de Staline. Son idée est simple : fabriquons d’énormes missiles intercontinentaux, affichons la suprématie militaire qu’ils confèrent, et l’opinion publique occidentale capitulera dans l’orbite socialiste sans le besoin d’une guerre.

Korolev, qui dirige désormais ces travaux, profite de leur opacité pour en détourner une part vers la réalisation des rêves tsiolkovskiens. Le 21 août 1957, il tire le 1er missile intercontinental au monde. Peu d’écho. Six semaines plus tard, par simple changement des paramètres de vol, il lance Spoutnik. Cette fois, il fait l’Histoire. La presse panique, le tiers-monde applaudit, les élites rallient l’URSS. Khrouchtchev a trouvé son vecteur de propagande.

Trois ans plus tard, Korolev ajoute un nouvel étage à sa fusée qui en améliore encore les performances : pour y embarquer un lourd satellite de reconnaissance que les militaires lui ont demandé pour prendre des photos depuis l’espace et les renvoyer dans des conteneurs étanches. A l’époque, pas question de transmission TV pour des images aussi fines. Nouvelle diversion: Korolev en aménage une version qui permette de transporter et ramener un passager en lieu et place des plaques photographiques. Et qu’on appellera vaisseau spatial.

Dans le plus grand secret pour en préserver l’effet de surprise, vingt cosmonautes s’entrainent près de Moscou. Tous des militaires: Oustinov y veille. Et tous de petite taille, exigüité de cabine oblige. On pensera à mettre des estrades quand on paradera ensuite les héros de l’espace.

Début 1961, USA annoncent l’envoi prochain de leur premier astronaute. Il faut les devancer. Deux candidats sont proposés à Khrouchtchev, les majors Titov et Gagarine. Le premier est écarté: fils d’instituteur, mauvais pour la propagande. Et son prénom, Guerman, fait penser aux Allemands. On lui préfère donc Gagarine, fils de paysan. Plus photogénique. Et petit à souhait: 1m57.

Quatre jours plus tard, c’est le vol historique. Une simple boucle de terre, 108 minutes vécues dans des conditions acrobatiques restées secrètes 40 ans. Contrairement à ce qu’affirmera la propagande soviétique, Gagarine ne reviendra jamais dans son vaisseau. Mais il atterrit sain et sauf dans un monde qui, désormais, ne sera plus tout à fait le même. Le surlendemain, un million de personnes l’acclament à Moscou. Le Kremlin reçoit 20 000 kilomètres de télégrammes de félicitations.

Iouri Gagarine

Deux jours plus tard à Moscou, le chef du programme spatial de l’URSS et son meilleur ambassadeur : Khrouchtchev et Gagarine - Image d'archives Roskosmos

 

Aux Etats-Unis, la gifle est cinglante. Non seulement l’Amérique vient encore de se faire doubler, mais l’humiliation suit de trois jours le fiasco du débarquement de la Baie des Cochons à Cuba, ouvrant la porte à tous les amalgames. Poussant son avantage, Khrouchtchev exige le départ des troupes américaines de Berlin.

Le nouveau président des Etats-Unis Kennedy est désarçonné. Comment répondre ? Sur le même terrain, lui souffle un membre de son équipe, l’un des meilleurs connaisseurs de l’espace du monde politique américain. Et s’appuyant sur son conseil – beaucoup plus que sur sa propre intuition comme on le prétendra ensuite – Kennedy annonce le lancement du programme Apollo. La course à la Lune commence.

 

Par Pierre Baland


 

 

 

 

 

Pierre Baland est l’auteur de « De Spoutnik à la Lune, l’histoire secrète » aux éditions Actes Sud http://www.amazon.fr/Spoutnik-Lune-Lhistoire-programme-sovi%C3%A9tique/dp/2742769420

 

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